L’identité numérique est au cœur des enjeux de l’économie numérique : la détention des données personnelles des usagers constitue l’une des bases du modèle économique des géants du numérique. La notion d’identité reste juridiquement inchangée, qu’elle soit attestée par un support papier, un support numérique ou électronique et/ou un réseau électronique. En discutant la notion d’identité « pivot », le corpus minimal d’informations pour identifier une personne de façon universelle, nous soulignons la difficile émergence de la notion d’identité numérique, qu’il serait plus précis de désigner par l’expression « moyens d’identification électroniques sécurisés ». A travers l’examen des menaces et des impératifs de sécurité publique sur la numérisation de l’identité, nous étudions dans quelle mesure le développement de la technologie offre l’opportunité de surmonter la contradiction entre la protection des libertés individuelles et les nécessités de l’ordre public. Dans ce contexte, la blockchain apparaît comme une technologie intéressante pour aider à dissocier l’identification de l’authentification. Le concept de Self Sovereign Identity, traduit par « autodétermination informationnelle », est une piste de réponse à ces défis. Opéré sur une blockchain, il offre la faculté de détenir et de contrôler la numérisation de son identité sans l’intervention d’une instance centralisant les données. L’utilisateur est alors autonomisé et responsabilisé à travers l’usage d’un dispositif personnel augmenté. Cette configuration n’exclut nullement le fait que l’identité juridique demeure garantie par l’Etat. Mais, cette technologie peut-elle s’intégrer dans l’écosystème numérique, technique et juridique européen ?
Une conférence de Christine Hennebert (CEA-Leti), expert en sécurité des systèmes embarqués dans le cadre de l’IRT Nanoelec/Programme Pulse.