Sébastien Dauvé est le directeur du CEA-Leti, depuis le 1er juillet 2021. Il remplace Emmanuel Sabonnadière, nommé Directeur du Programme Carbure de silicium à Soitec. M. Dauvé devient président de l’IRT Nanoelec.
Nanoelec vient de renouveler sa convention avec l’Etat. Quel est le point fort de l’institut, selon vous, dans sa mission de soutien à la compétitivité de la filière électronique ?
Plus que jamais la microélectronique est devenue un enjeu majeur de souveraineté pour l’Europe et la France : Nanoelec constitue un outil précieux par rapport à cette ambition. Il rassemble en effet des industriels d’envergure internationale qui ont décidé de faire cause commune pour être plus forts dans leurs démarches de recherche et d’industrialisation. Comme les autres instituts de recherche technologique fondés à l’initiative du Gouvernement à partir de 2012, Nanoelec rassemble donc ces industriels à différents échelons d’une chaine de valeur et qui partagent des feuilles de route communes, appuyés par des académiques reconnus pour leur excellence scientifique. Par exemple, les technologies 3D développées dans le cadre de l’IRT Nanoelec s’avèrent essentielles pour l’avenir de l’électronique que ce soit pour le More Moore ou le More Than Moore. Avec Nanoelec, nous avons le savoir-faire technologique, des équipementiers de premier plan pour l’assemblage puce à plaque ou plaque à plaque, des spécialistes de l’architecture et des fabricants de composants positionnés sur des marchés complémentaires. Grâce à l’initiative SystemLab, il est même envisagé de mixer ces possibilités pour faire émerger de nouveaux marchés convergents pour ces différents acteurs.
Alors que les scientifiques du Giec lancent un nouvel appel au respect du climat, que peut apporter l’électronique dans ce combat pour préserver notre environnement ?
Au CEA-Leti comme à Nanoelec, nous ne pouvons plus éluder cette question qui fait désormais partie des préoccupations des industriels mais également des équipes de recherche. Il est donc indispensable de placer nos efforts au service d’une filière plus durable, capable de proposer de l’électronique « frugale ». Derrière ce terme se cachent des champs d’innovation nombreux qui, je l’espère, contribueront à réduire nos émissions de gaz à effet de serre mais aussi à diminuer notre dépendance aux minerais les plus rares. J’ajouterai que cela peut aussi présenter des avantages concurrentiels, pour une électronique plus légère, plus facilement connectée et plus facile à mettre en œuvre en milieu professionnel comme à la maison. Plus globalement, je note aussi que l’IRT Nanoelec est attendu par sa tutelle d’Etat sur sa capacité à inscrire son action dans une démarche de développement durable.
En quoi le modèle multipartenaires de Nanoelec vous semble-t-il complémentaire du modèle traditionnel du CEA-Leti fondé sur des collaborations bilatérales ?
Dans mon précédent poste au département Système du CEA-Leti, j’ai pu mesurer tout l’intérêt du programme Pulse de Nanoelec et je dirais donc que les deux modèles sont très complémentaires. Le CEA-Leti mène de nombreux projets industriels qui se font essentiellement dans un cadre bilatéral au service de partenaires industriels sur la base de feuilles de routes spécifiques. Nanoelec aborde des sujets plus génériques au bénéfice d’un ensemble d’acteurs réunis par des intérêts communs. Il est conçu pour préparer les conditions de l’émergence de nouveautés utiles et pertinentes pour le grand public et pour les professionnels.
A titre d’exemple je peux témoigner que le programme Nanoelec/Pulse de Nanoelec a été très structurant sur des sujets, en émergences au sein du CEA-Leti, dans le domaine de la confiance numérique. J’ai aussi constaté combien est reconnu et apprécié le dispositif Easytech d’aide aux PME, tant du côté des entreprises qui en bénéficient que de celui des collectivités locales, si attentives au développement économique sur leur territoire. Réactivité et souplesse de l’institut permettent à tous ces acteurs d’agir toujours plus vite au service de la filière électronique.