Electronique durable pour les bâtiments intelligents

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De nouveau en 2022, le programme Capital humain et ingénierie de formation de Nanoelec a conçu et mis en œuvre avec Grenoble-INP et Grenoble Ecole de Management, un module de formation inédit sur l’électronique durable. Pendant deux demi-journées, près de 60 étudiants, futures managers et ingénieurs de GEM de Grenoble-INP rejoint par des étudiants européens en échanges Erasmus, ont travaillé main dans la main avec des professionnels de STMicroelectronics et Akileo Formation, des chercheurs du CEA et de membres du collectif Think What Matters. Retour sur la préparation de cette formation avec Youla Morfouli, Professeure à Grenoble-INP.

Quels sont les enjeux de la conception de formation sur l’électronique durable ?

Nos étudiants nous le disent : ils sont plus que jamais en recherche de sens ; ils recherchent des métiers dont la contribution sociétale est avérée. Nous devons donc adapter nos offres de formation à cette nouvelle donne. C’est ce que nous faisons dans le cadre du programme Capital Humain et Ingénierie de Formation de Nanoelec depuis trois ans, en développant différents modules incluant le volet durable.

Et qu’en attendent vos partenaires industriels ?

L’industrie de la microélectronique s’est engagée de longue date dans la réduction de son impact sur l’environnement, et sur toutes les phases du cycle de vie de ses produits. Nos partenaires sont convaincus que les ingénieurs et les managers en microélectronique doivent désormais agir à leur échelle tant comme technologues aux compétences très pointues que comme citoyens responsables pour maitriser les impacts des technologies, créer de nouveaux « éco réflexes » et au global, aider à réduire l’empreinte environnementale de l’humanité.

Quelles sont les grandes lignes de votre programme pédagogique ?

Une première session a permis d’éclairer différents sujets techniques concernant l’impact environnemental de la microélectronique. Nous travaillons les concepts d’écoconception dans une démarche qui consiste à intégrer des paramètres environnementaux dans le la conception et la mise eue œuvre d’un procédé de fabrication.
L’atelier vise également à mobiliser des compétences transversales ; par exemple, le futur ingénieur et le futur manager est amené à appréhender la complexité du monde dans ses dimensions scientifiques, éthiques et politiques, il pourra par la suite se rendre moteur d’une véritable évolution des mentalités et des comportements en proposant de nouvelles façons de travailler et de concevoir les problématiques auxquelles son entreprise est confrontée.

En quoi initiez-vous un véritable changement pédagogique ?

Avec un tel module, nos étudiants commencer le semestre par un temps de réflexion sur l’avenir ; ils sont invités à s’impliquer comme moteur de l’évolution du monde. C’est aussi une opportunité de travailler pendant deux demi-journées en contact direct avec des professionnelles aguerris qui partagent avec eux leur expérience et qui les guident dans leur réflexion.

C’est la troisième édition de cet atelier. Comment cela s’est-il déroulé ?

Après avoir traité de la thématique du smartphone et de son cycle de vie en 2020 et 2021, l’édition 2022 a été consacrée aux objets connectés pour le bâtiment intelligent. Les 54 étudiants ont été répartis en six groupes. Grâce à la présence d’experts, chaque groupe traite de manière concrète, différents sujets techniques autour du scénario de départ : transformer un étage de bureaux en «smart étage» en utilisant les technologies IoT pour réduire les coûts et la consommation d’énergie, tout en réduisant l’empreinte carbone globale, et améliorer la sécurité et le confort des travailleurs.

Dans la restitution finale des travaux, qu’est-ce qui vous a surpris? Interpellée ?

Les étudiants se sont retrouvés dans la peau d’un ingénieur et d’un manager, confrontés à des problématiques concrètes et proches de la réalité industrielles. On est frappé par la qualité des échanges qu’ils mènent et leur esprit d’équipe. Ils sont très motivés, très engagés et mènent leurs réflexions de façon très pragmatique, pour esquisser de véritables plans d’action.

Comment se prolonge l’atelier ?

Le groupe de 6 étudiants qui a gagné le premier prix a pu visiter un mois après l’atelier et hautement apprécier l’exposition de La Fondation Solar Impulse et Schneider Electric “1000+ Solutions pour les villes” dans les domaines de l’énergie, des bâtiments, des déchets, de la production et de la consommation, de la mobilité et des infrastructures.
Et comme les graines ont été semées durant cet atelier, un deuxième groupe très intéressé par la problématique du bâtiment intelligent et l’apport de la technologie microélectronique a décidé et en comptant sur l’aide de la startup Akileo Formation, de travailler durant tout le semestre sur un projet intitulé “les IoTau service du bâtiment intelligent”.

Comment la maquette de formation est-elle valorisée par la suite ?

Nous allons essayer de pérenniser cette expérience en mobilisant si possible plus d’étudiants de profils variés et pourquoi pas passer à un format d’un module plus longue qui permettrait un travail plus approfondi et conséquent et lever ainsi un peu la frustration des participants de ne pas pouvoir aller beaucoup plus loin dans leur réflexion et propositions.


Cette année, le module portait sur la conception d’un bâtiment connecté, adaptable, communicant et intelligent. Extrait du scénario : « Vous êtes les collaborateurs de la société « Green IoT for smart building ». En vue de l’édification d’un nouvel immeuble de bureaux, vous devez proposer un prototype permettant le déploiement de nouveaux services de gestion technique et le suivi du taux d’occupation (optimisation de l’occupation des chambres et de la qualité de l’environnement, anticipation des consommations d’énergie, etc.). Intégrez autant que possible l’intelligence artificielle (IA) (réseau de neurones performant embarqué sur un microcontrôleur) afin de gérer les données IoT (capteurs thermiques, optiques, chimiques…) »


 

“Le ressenti qu’on a directement avec les élèves, c’est une motivation pour les questions de développement durable. Au delà des compétences techniques – parce que nous sommes à la recherche de collaborateurs- c’est leur implication sur ces problématiques de développement, d’écologie et leur capacité à innover dans ce domaine, à regarder différemment de la génération précédent les problématiques environnementales” Eric Jouseau co-fondateur de Akileo Formation et AceWithYou, lors de la session inédite “Electronique durable/Smart building” du programme Nanoelec/CHIF, en février 2022 (c) Grenoble-INP


“Chacun de ces étudiants sera acteur, dans sa vie professionnelle, en ce qui concerne l’environnemental. Nous leur avons montré, au cours de cet atelier, tous les moyens et les outils qu’ils vont pouvoir utiliser. On a pu voir effectivement des solutions très créatives et c’est aussi un point très importante du point de vue innovation. Il faut “sortir de la boite” et aller vers toutes les idées possibles dans ce domaine.” Thierry Fensch, Innovation & Collaborations Director, STMicroelectronics Grenoble.